Charmante Iris, sans espoir,
Que mon destin parait noir!
Enfin, qu’ai-je plus à attendre?
Depuis que je pleure votre absence
Le plaisir ne règne plus en France;
Adieu le bonheur et la gloire!
Cher Paris, tu perdes tes charmes,
Par tout je ne vois que mes larmes,
Tout gémit pour le pauvre Léandre.
2
Iris, mon affreux destin
Peut se changer en festin
Seulement si le sort m’appelle
À me rendre chez ma Belle
Comme fit le Héros renommé
D’après qui je suis nommé.
Révoyez donc, pour chasser mes ennuis,
Du charmant Brighton les rivages fleuris,
Et palpitant de joie le trop heureux Léandre
Aux rives de Dieppe s’empressera à se rendre.
Ô Destin! ô Fortune! ô image trop charmante!
Quoi? je ferai plus que l’antique Héros?
Quoi? je verrai briller à travers les flots
Cette Beauté trop aimable qui brûle et m’enchante?
3
Iris, la voix du sentiment sonne
Pour t’appeler à ravir les côtes de Brighton!
Mais, si un miracle, un bonté trop charmant
To porte à abréger les peines de ton Amant,
Si to daignes donner tant de prix à mes jours,
Que de vouloir penser aux dangers que je cours,
Et, craignant des flots la puissance et la rage,
Tu voudrais que je vinsse le plus tôt au rivage;
Du chateau de Douvres fais donc ton palais,
Et je prends de suite la Diligence pour Calais.
Léandre